mardi 23 février 2016

AMELIE NOTHOMB - METAPHYSIQUE DES TUBES


L'histoire

Jusqu'à deux ans et demi, Amélie se décrit comme un tube digestif, inerte et végétatif. Puis vient l'événement fondateur qui la fait chuter dans l'univers enfantin. Durant six mois s'ensuit la découverte du langage, des parents, des frères et s'urs, des nourrices japonaises, du jardin paradisiaque, des passions (le Japon et l'eau), des dégoûts (les carpes), des saisons, du temps. Tout ce qui, à partir de trois ans, constitue la personne humaine à jamais.
Car à cet âge-là, tout est joué, le bonheur comme la tragédie... Tel est le message que nous envoie ce bébé à l'oeil noir observant fixement le monde avec acuité. Une acuité doublée d'un sens de l'ironie à la fois amusée et désespérée qui fait la singularité d'Amélie Nothomb.

Mon avis

J'ai reçu ce livre en édition audio, curieuse de découvrir une nouvelle façon de découvrir les livres.
Assez troublant d'un premier abord, l'écoute de ce roman a vraiment été plaisante, d'autant que cette auteure est tellement originale. La voix de Elodie Huber est très agréable et on se laisse porter par la douceur de cette voix, mêlée à la tendresse et l'espièglerie de le petite Amélie.

Ce roman retrace les premières années de la vie d'Amélie Nothomb, son apprentissage et la découverte de la vie et des traditions japonaises où elle a vécu pendant sa jeunesse.
Ce récit est totalement déjanté à l'image de son auteure. Tout y est raconté de façon très amusante, légère.

De quoi peut-on se souvenir si jeune ? Le commun des mortels ne se souvient que de très peu de choses, mais Amélie Nothomb a vraiment le don de nous plonger dans la tête de cette fillette, dans sa propre histoire. Une petite fille qui nous raconte sa vision de la vie à la fois très enfantinement parfois, mais d'autres fois très poussé dans un vocabulaire adulte.

Cette histoire débute par un tube, oui un tube, voilà à quoi se résumaient les premières années de vie, un tube et Dieu... jusqu'à la découverte du chocolat blanc qui changea radicalement sa vie.

Puis à l'éveil de l'esprit de la petite Amélie, on apprend l'apprentissage de la vie, du langage, de la vie au Japon avec ses nourrices, son papa devenant joueur de no, les carpes "Jésus, Marie, Joseph". Tout est tellement loufoque, mais terriblement intelligent et touchant.

Un beau récit que j'ai pris plaisir à écouter :)
Un livre assez troublant, bien caractéristique du style d'Amélie Nothomb. Le début de ce livre est très spécial, n'abandonnez pas votre lecture dès le début, laissez-vous porter et vous pourrez ainsi rentrer vraiment dans ce récit.

Un extrait

"J'avais déjà donné leur nom à quatre personnes ; à chaque fois, cela les rendait si heureuses que je ne doutais plus de l'importance de la parole : elle prouvait aux individus qu'ils étaient là. J'en conclus qu'ils n'en étaient pas sûrs. Ils avaient besoin de moi pour le savoir.  "

"Marcher était d'une utilité indéniable. Cela permettait d'avancer en voyant le paysage mieux qu'à quatre pattes. Et qui dit marcher dit courir : courir était cette trouvaille fabuleuse qui rendait possibles toutes les évasions".


mercredi 17 février 2016

STAN SILAS - BIGUDEN






L'histoire

Goulwen est un petit garçon (presque) comme les autres. Il vit dans une petite maison au bord d’une falaise avec vue sur la mer avec sa maman Soazig et sa mémé cabocharde Gaud qui croit encore aux Korrigans !
Sur la plage, un évènement extraordinaire va bousculer le quotidien de cette famille bretonne : d’un bateau échoué, Goulwen recueille chez lui une petite japonaise…
La confrontation entre les deux cultures : bretonne et japonaise, va d’abord être explosive ! Mémé peut-elle accepter cette intruse au langage et au comportement si étranges ?...
Progressivement, les deux vont s’amadouer pour s’enrichir mutuellement.



Mon avis

Je ne suis pas lectrice de BD... et je remercie donc Stan Silas de m'avoir fait découvrir et aimer la bande-dessinée.

J'avais découvert le premier tome au salon du livre de Toulon en Septembre et j'ai été totalement conquise par le sujet (en tant que bretonne expatriée, c'est toujours agréable de replonger dans les traditions celtiques), par les dessins qui sont juste magnifiques et par les personnages, tous très différents mais tellement attachants.

Biguden est tellement attendrissante avec cette petite voix niponne qui apprend cette langue nouvelle pour elle :) et reste le dernier espoir de Gaud pour sauver la tradition de la Bigudennerie et faire vivre les croyances bretonnes !
J'ai beaucoup aimé cette grand-mère acariâtre très attachée aux traditions bretonnes qui au fur et à mesure va s'attacher à cette étrangère, malgré un choc des cultures assez explosif au départ,  et en faire une des leurs :)
Une mention complémentaire pour le Bagad du Pouec ! Juste excellentissime !

 Les couvertures sont toutes plus belles les unes que les autres ! Un beau mélange nippon-breton !

 Une très belle découverte qui mêle la culture japonaise aux traditions bretonnes, comme si vous dégustiez une crêpe au caramel beurre salé accompagné d'un saké. Ce mélange de cultures (pas crêpe - saké... j'ai pas testé...) est très bien réussi, et poussé jusque dans les dessins qui sont juste sublimes et qui rappellent bien le style manga.

Korrigans, bugul, morganes, fées, ondines, binious et bombardes, tout y est pour passer un excellent moment plein de tendresse et d'humour !

Cette bande-dessinée est adaptée pour les enfants, je l'ai d'ailleurs lu avec ma fille de 8 ans. Cependant, pour bien comprendre certaines parties comme l'Ankou, la Mort, je le trouve plus adapté pour un public plus mature (adolescents, adultes).  Chaque lecteur, du plus jeune au plus âgé, vivra cette histoire différemment.

Une bande-dessinée à découvrir de toute urgence !
Que les croyances des bigoudènes perdurent avec ces livres !

Un extrait

"Elle ne divague pas, elle parle une autre langue, c'est une... étrangère !
Vous êtes sûr ? Du Morbihan ou des Côtes d'Armor ?
Plus loin, je crois...
C'est l'pompon ! Remettez-moi ça à la mer !"



lundi 15 février 2016

GILLES LEGARDINIER - QUELQU'UN POUR QUI TREMBLER


L'histoire

Peut-on être un père quand on arrive vingt ans après ? Pour soigner ceux que l'on oublie trop souvent, Thomas a vécu des années dans un village perdu en Inde. Lorsqu'il apprend que la femme qu'il a autrefois quittée a eu une fille de lui, ses certitudes vacillent. Il lui a donné la vie, mais il a moins fait pour elle que pour n'importe quel inconnu. Est-il possible d'être un père quand on arrive si tard ? Comment vit-on dans un monde dont on ne connaît plus les codes ?
Pour approcher celle qui est désormais une jeune femme et dont il ne sait rien, secrètement, maladroitement, Thomas va devoir tout apprendre, avec l'aide de ceux que le destin placera sur sa route.
 

Mon avis

un résumé très bref de cette lecture sur mon ressenti : magnifique !

J'ai lu ce livre avec une émotion tellement forte qui va crescendo tout au long du livre et le talent de Gilles Legardinier est qu'il arrive à vous remplir d'émotions, vous faire couler quelques larmes mais vous faire rire et sourire. Et qu'est-ce qu'on se sent bien après une telle lecture !

Les personnages sont juste parfaits : autant Thomas, ce médecin revenu d'Inde et qui a besoin de voir sa fille Emma qui ne le connait pas, un attachement viscéral à la suivre afin de rattraper ce retard de plus de 20 ans. Pauline l'infirmière avec son petit Théo, est touchante également.
Et que dire des pensionnaires de cette petite maison de retraite. Ils sont juste géniaux tant par leur originalité, que leur vie passée. Ils sont tous différents et on n'hésite pas à pousser les portes de cette maison et vivre avec eux. des souffrances, mais tellement de joies, de bons moments, de bonheur, d'entraide... et j'en passe !

L'écriture est tellement plaisante, qu'on croit vivre cette histoire. Les chapitres s'enchainent les uns après les autres sans pouvoir laisser tomber et être subitement en état de manque affectif !

C'est pour moi le meilleur livre de Gilles Legardinier ! Touchant, bouleversant, amusant, hilarant... et la petite larme finale en est la preuve.

C'est un livre qui donne chaud au coeur, un livre qui fait du bien, surtout en ces temps difficiles... On se sent bien comme ce petit nounours sur la couverture, bien au chaud dans ce petit nid douillet.
Je en peux que vous encourager à lire ce livre et si vous n'avez jamais lu de livre de cet auteur, celui-ci est selon moi le premier que vous devriez découvrir !

Un pur bijou !

Un extrait <3

"Quand on aime quelqu’un, on nourrit des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L’essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler."

samedi 6 février 2016

LAURENCE PEYRIN - LA DROLE DE VIE DE ZELDA ZONK


L'histoire

Foutu mardi, foutue pluie… Sur cette route d’Irlande qu’Hanna a prise tant de fois pour aller à son atelier, c’est l’accident. À l’hôpital, la jeune femme se lie avec Zelda, sa voisine de chambre de 85 ans, positive et joyeuse, experte en broderie. Mais Hanna sent un mystère chez la vieille dame, qui esquive toute question précise sur son passé. Que peut-elle avoir à cacher, à son âge ?
Bientôt, Hanna découvre que Zelda Zonk était le nom d’emprunt de Marilyn Monroe quand elle voulait passer inaperçue. Hanna sait bien que c’est absurde, Marilyn est morte il y a presque cinquante ans, et pourtant…
Tout en menant l’enquête, Hanna commence à réfléchir au sens de sa propre vie.
Est-elle vraiment épanouie dans ce hameau perdu, dans ce mariage routinier ?
Si vraiment Zelda est Marylin, si elle a réussi à passer de la lumière à l’anonymat, pourquoi elle-même ne pourrait-elle pas changer de vie ?

Mon avis

J'ai beaucoup apprécié cette lecture. Le sujet de départ est vraiment bien amené,  on se prend à se demander si cette vieille femme a une correspondance avec Marylin. On mène avec Hanna cette enquête voulant nous aussi y croire "Marylin Monroe ne serait pas morte mais serait une vieille dame en Irlande tranquille finissant sa petite vie paisiblement"

Quel sujet, mais j'ai adoré ce synopsis ! Certes ce n'est pas toute l'histoire, juste un point de départ pour Hanna qui va lui permettre de faire un point sur sa vie passée et présente. Est-elle heureuse ? Est-elle amoureuse ? Est-elle satisfaite de sa vie avec Jeffrey, la petite Patti, son entreprise ? ou voudrait-elle rêvée à un autre futur ?

J'avoue que le personnage d'Hanna m'a tout de même exaspérée à certains moments. Elle est totalement perdue, mais on a envie de la bouger... et le fait qu'elle stagne un peu peut bloquer un peu la lecture. Elle ne sait pas où elle en est, fait des erreurs qu'elle regrettera peut-être
Après ça ne m'a pas non plus gâcher la découverte de ce roman mais les personnages restent tout de même un petit bémol excepté le personnage de Zelda Zonk que j'ai vraiment apprécié.

L'écriture de Laurence Peyrin est très agréable et entrainante.  On veut connaitre le fin mot de l'histoire et j'ai beaucoup aimé la fin, le dénouement de l'histoire. Tout est amené très simplement et j'ai été totalement émue par celle-ci.  Chut ! je n'en dirai pas plus :)

C'est un livre sur l'amour, le bonheur, le temps qui passe. Un roman plein de douceur et de tendresse !
Un livre qui fait du bien, qui fait également réfléchir sur sa vie et permet de faire un peu le point.

Un extrait

"Ça nous rassure de vivre aussi dans le regard de l’autre… C’est la promesse de survivre à soi-même."

mercredi 3 février 2016

XAVIER-MARIE BONNOT - LA DAME DE PIERRE


L'histoire

De la famille Verdier, il ne reste plus qu'eux, Pierre et Claire, le frère et la sœur. Lui, a repris la ferme familiale, dans la vallée de Saint-Vincent, auprès de leur montagne. Elle, vit à Paris. De l'existence de sa sœur, il ne sait rien, ou si peu de choses. Simplement qu'elle lui rendra toujours visite, immanquablement, deux fois l'an, dans cette maison de famille où rien n'a changé. Mais cette fois-là, c'est différent.
Claire a des cauchemars. Toutes les nuits, elle a peur pour une certaine Vicky, et prétend qu'elle-même sera bientôt morte. Pour Pierre, l'homme de la terre, les secrets et les névroses de sa sœur ne sont que des faiblesses. Un matin d'hiver pourtant, Claire part et ne revient pas. Lorsqu'on retrouve son corps sans vie, étrangement vêtu, c'est Pierre qui est désigné comme le coupable. Pierre est seul à présent.
Lui, le taciturne qui vit reclus depuis le drame qui a brisé sa carrière d'alpiniste, aurait-il pu commettre l'irréparable ? Tant il est vrai que dans la famille Verdier les mystères et les secrets sont légions. Et qui est cette Vicky dont personne dans l'entourage de Claire ne semble connaître l'existence ? Pierre comprendra bien tard qu'elle était le secret le mieux caché de sa soeur...

Mon avis

Roman noir qui emporte dans une enquête policière au milieu des montagnes enneigées où le blanc de la neige et ce côté pur se retrouve entachés par le sang et le crime.

On est totalement pris dans cette histoire au cœur d'un petit village où tout le monde se connait, s'entraident... Pierre élève des brebis et est un homme de la montagne. De son métier de guide, il gardera des séquelles enfouies en lui comme la mort de sa compagne et se renfermera dans sa ferme avec ses animaux.
Jusqu'au jour où sa sœur refait surface, elle jeune femme épanouie et femme de la ville. Mais connait-il vraiment cette sœur ? 

Je dois avouer que le point fort de ce livre, c'est avant tout les personnages. Ils sont tous très attachants, malgré le fait qu'on apprend des choses tout au long du roman qui ne sont pas très reluisantes. On ne peut s'empêcher de les apprécier. 
On soutient Pierre, mais on arrive à douter de sa bonne foi. On croit connaitre Claire, mais au final, on ne la connait pas si bien que ça. Et le personnage de Vicky que dire !

L'écriture est très agréable (quelques longueurs ont freinées ma lecture au milieu du roman...mais rien de grave, cela n'entache en rien la qualité de ce livre), les faits sont toujours bien amenés et l'auteur nous plonge vraiment dans un roman "réel" une histoire vraie, avec des personnages du terroir qui connaissent leur montagne et ses dangers.

C'est un thriller avec un suspens très fort, une fin que j'ai trouvé magistrale car forcément je ne m'y attendais pas.

Un roman intense, sur l'amour, la mort, un roman triste avec une atmosphère glaciale et étouffante parfois, qui ne laisse aucune chance au lecteur !

Un extrait

« Claire n’a rien perdu de ses allures de garçonnes. Elle semble toujours volontaire pour partir au bout du monde. A peine arrivée à Saint-Vincent, elle quitte ses habits de Parisienne pour un pantalon de montagne et un pull que sa mère lui a tricoté dans sa jeunesse. Pierre aime la voir se transformer ainsi. Les yeux de sa sœur pétillent sans cesse, noirs, perçants et qui laissent deviner une intelligence supérieure. »